Course
Ironman de Zürich
Ironman de Zürich - 12h 15min
dimanche 10 juillet 2011
Ca y est, me voilà plongé dans le grand bain. 4h34, réveil après une mauvaise nuit où je me suis réveillé toutes les heures... Je décide de ne pas me rendormir, on a rendez-vous avec mon pote Fred au restaurant de l'hôtel pour le petit déjeuner à 5h10.
Au menu, pain, nutella, pain nutella... Un thé et un jus d'orange plus tard, on quitte l'hôtel vers 6h pour se rendre au départ. Arrivés à 6h30, on effectue les derniers préparatifs de nos affaires avant de se rendre au départ de la natation à 6h50. En quittant le parc à vélo, on entend un grois "boum", je plains le type qui en sortant de l'eau va retrouver son pneu crevé, y a mieux pour commencer 180 bornes de vélo... Au départ natation, on va goûter à la température de l'eau et on regarde le départ des pros à 6h55. 7h, c'est à nous de se plonger dans le bain...
Natation: 1h 15min 22s
Je laisse passer le gros du peloton et je pars relativement en arrière mais peut-être un peu trop au centre. Si c'était à refaire, je partirais plus sur le côté pour éviter les coups sur les 500-600 premiers mètres. Entre les types de devant que tu touches constamment avec tes bras et ceux de derrière qui essaient de monter sur tes jambes, on est loin de la petite baignade familiale relax.
J'essaie de ne pas nager trop vite et de ne pas dépenser trop d'énergie. C'est seulement après 40 minutes de course (ma garmin vibre sous mon bonnet toutes les 10 minutes pour me dire où j'en suis), que je réalise que mes bras tournent trop vite et que je ne cherche pas la sensation de glisse sur l'eau. Je reprends mes esprits et cherche à glisser plus. Les combats pout tourner autour des bouées sont féroces et je suis mal placé. Trop près des bouées --> les coups fusent et le rythme est coupé régulièrement...
Premier km effectué en 17 minutes. Après 2km (34'), sortie de l'eau sur la presqu'île, course de 50m puis retour dedans 50m plus loin. Le meilleur moyen pour casser le rythme!!! Pas top, mais l'ambiance des spectateurs est bonne, c'est trop cool... Les 3e km se fait un peu plus lentement (19') car c'est là que j'ai décidé de moins tourner les bras et de me "reposer" pour le vélo et la course. Après 1h de natation, j'ai fait 3.3km ce qui est un bon score pour moi, je suis content. Plus que 500m pour boucler les 3.8km. Etonnament, ma garmin marque 4.12 km à la sortie de l'eau (peut-être à cause des trajectoires pas tout à fait rectilignes dans l'eau, je ne sais pas...)
Sortie de l'eau en 1h 15min 22s selon les temps officiels. (en ce qui concerne mon propre chronométrage via la garmin, j'ai un peu merdé et ai pressé sur le bouton arrêt au lieu de "lap" et du coup la transition n'a pas été mesurée correctement, je l'ai modifiée manuellement pour que le temps total corresponde...)
http://connect.garmin.com/activity/98356525
Transition 1: 4min 40s
De retour sur la terre ferme, je constate en passant devant son vélo que Fred n'est pas encore sorti de l'eau ce qui me surprend. Je pensais qu'il serait déjà parti à mon arrivée... En fait il arrive juste derrière moi en 1h 16min 57s. Je me dis qu'il me rattrapera sur le vélo :-) et je pars pour les 180km
Vélo: 6h 24min 42s
C'est parti pour le vélo. Au menu, 180km avec 1260m de dénivellé selon le programme (un peu plus selon ma garmin...).
Je décide de rouler aux pulses pour ne pas m'exploser et me laisser une chance de terminer le marathon après le vélo. Mon objectif est de tenir à 145 pulses, max 150 sur le vélo. Les 30 premiers km se passent super bien puisque je roule entre 37 et 39km/h (c'est relativement plat et roulant et il y a un peu de vent dans le dos.) Ensuite La première difficulté arrive avec une petite montée entre les km 28 et 38. Je me dis à ce moment là que les collines jurassiennes gravies dans ma préparation sont très utiles puisque je ne souffre pas du tout.
Ensuite à nouveau du plat jusqu'au km 52 où là on repart pour 13km de montée qui passent "tout seul" ou presque, toujours en gérant mes pulses. Là une superbe descente de 7km avec des pointes à plus de 70 km/h et je réalise que mes nouvelles roues tournent toutes seules et que je dépasse tout le monde à la descente, du pur bonheur...
Retour sur Zürich à plat jusqu'au km 82 où le fameux "Heartbreak Hill" m'attend! 2.5km de montée très raide avec des gens partout sur les côtés, on se croirait au tour de France, ambiance excellente ! Et cet effort passe tout seul avec les encouragements du public... Puis retour au départ pour la fin du premier tour.
Les 90 premiers km sont bouclés en 3h
Départ pour... le 2e tour :-)
Là psychologiquement c'est pas évident, mais nettement plus sympa qu'à Morat où il y avait 4 boucles de 22km pour le semi-IM, et passer 4 fois au même endroit, c'est rude de chez rude...
Le vent s'est bien levé et les km 90 à 120 se font un peu plus lentement qu'au premier tour (33-34km/h). Les jambes sont aussi en cause. Je continue de me concentrer sur les pulses pour ne pas exploser plus tard. Cette fois par contre, la première montée du 2e tour après 120km se fait à un rythme lent, très lent. Les jambes deviennent un peu lourdes, mais rien de dramatique sauf qu'il reste 60km de vélo et un marathon...
La méchante montée entre le 142e et le 147e km est pénible, là j'en chie méchamment, y a pas d'autre terme. Je me focalise sur les pulses, mais en même temps mes jambes ne peuvent pas tourner plus vite... Fred me rattrape entre le 150 et le 157e km dans un long faux plat interminable. Là je me dis que je ne le reverrai plus et lui souhaite une bonne fin de course.
Ravitaillement, je mange prend des gels et ça me redonne un coup de fouet. J'avais peut-être un manque d'énergie en fin de compte. A nouveau une belle descente entre les km 155 et 163 pendant laquelle mon vélo roule tout seul. Je rattrape Fred qui a déraillé peu avant... Entre les km 162 et 174 je me sens bien et je roule à nouveau correctement. Je redépasse Fred, qui me doublera à nouveau au 2e passage du "Heartbreak Hill". Dans celui-ci, j'ai moins souffert que je craignais et j'arrive au ravitaillement en haut juste derrière Fred. A nouveau, je descends bien et les 7-8 derniers km de plats ne sont qu'une formalité. Par contre les 3h du premier tour se sont transformées en 3h24 sur le 2e, signe du début de fatigue. L'important pour moi est que j'aie bien respecté mon programme avec des pulses moyennes de 142bpm...
J'arrive finalement juste avant Fred qui aura mis 6h 24min 20s pour le vélo, soit 22s de moins que moi :-)
http://connect.garmin.com/activity/98356540
Transition 2: 3min 22s
Rien à signaler. Juste ne pas penser qu'il y a un marathon qui m'attend :-)
Course: 4h 26min 57s
Voilà la lutte qui commence. Cette fois, les dernières énergies doivent être distillées au compte goutte pour ne pas lâcher. L'objectif, comme me l'a conseillé un ami IM, est de ne pas mourir en cours de route, mais de ramasser les morts. Je perdrais trop de temps si je commence à marcher sur des km alors autant courir plus lentement mais courir le plus longtemps possible. A nouveau, je me focalise sur les pulses en me fixant 145 comme max. Je pars aussi du principe de me ravitailler à chaque arrêt (tous les 2-3km) pour manger un peu et boire un max.
Fred me double dès les premiers km, cette fois je ne le verrai plus...
Les 10 premiers km sont bouclés en 56min 44s. Les 16 premiers km se passent sans encombre. A partir de là, je commence à avoir des barres dans les cuisses. J'hésite à marcher, mais je me dis que je ne suis pas là pour marcher. Agnès, sa maman et les enfants doivent arriver bientôt pour me voir. Je décrète de courir jsqu'à ce que je les aperçoive et je marcherai un bout après... Ce que je ne sais pas c'est qu'ils ont pris un train 1h plus tard que prévu et que je vais continuer de courir jusqu'au 27e km avant de les voir... merci :-)
Les douleurs du 6e km partent et je continue de courir. Je termine les 20 permiers km en 1h56. Sur cette basse, je peux espérer fini en 4h10 et je me prends à croire que passer sous les 12h devient possible alors que mon objectif est de 12h30-13h.
Malheureusement à partir de la mi-course, les jambes deviennent lourdes et l'objectif n'est plus de faire un temps pour passer sous les 12h mais de courrir le plus longtemps possible sans exploser. Les pulses sont à 141, mais de toute façon mes jambes ne peuvent pas donner plus.
Jusqu'au 25e km (2h28), ça tourne encore en environ 6'15'' au km. Mais à partir de là, ça devient éprouvant je suis plutôt en 6'50. Mais l'important est de courir, courir, courir, en repoussant le moment de la marche. 27e km, je retouve Agnès et les enfants venus faire un bisou à papa. Quel bohneur. ça motive encore un petit coup et je repars jsqu'au 31e km.
Là je souffre trop. Je décide (mes jambes décident) de marche 2 minutes courir 5 minutes, marcher 2 minutes, courir 5 minutes, etc. Je marche donc 2 minutes et repars en courant. Après 5 minutes, je me dis que je peux et dois tenir 10 minutes. Et après 10 minutes, je me dis que je peux encore tenir un bout.
Je m'arrête toujours à tous les ravitaillements et cours encore. J'ai tellement bouffé de barres énergétiques et de gels lors du vélo que je peux juste plus les voir. Je me ravitaille au coc et au cacahuètes et stick salé proposés aux ravitaillements...
Au final, il ne reste que 8km. Je me dis que c'est rien du tout et qu'il faut courir, tenir ! 37e km, là je sens que ça va le faire. Je suis sur la bonne voie, la motivation est là, les jambes tournent à 6'50'' mais elles tournent. Tant pis pour le temps, je suis en passe de terminer cet ironman ! Et en courant !! 40e km, dernier ravitaillement. Je bois encore un peu d'eau et c'est reparti.
42e km, plus que 200m et je termine ce marathon !!! Agnès est là avec les enfants. J'embarque Emilie et Elias dans les bras pour les 200 derniers mètres pour franchir la ligne d'arrivée !! Je suis un ironman !!
Mon temps final 12 h 15 min 03 sec
J'ai finalement bouclé le marathon en 4h 26min 57sec ce qui est correct vu les efforts qui ont précédé :-)
http://connect.garmin.com/activity/98356554
Et Fred lui a fait un superbe 4h00min09s pour terminer l'ironman en 11h 49min 31 !! Bravo l'ami, nice job !!
Quelle expérience que cet ironman. La préparation qui a précédé la course. 8 mois de sacrifices, de planifications pour jongler entre le boulot, la famille, les entrainements. Mais je suis hyper fier d'avoir franchi cette ligne d'arrivée en courant tout le long et dans un état de fraicheur remarquable vu l'effort. L'entrainement a été payant et bien structuré. Les efforts bien dosés pendant la préparation. Pour rappel, j'ai suivi un entrainement du magazine trimag pour terminer l'ironman en moins de 12 h proposé par Guy Hemmerlin. Comme j'ai zappé régulièrement 1-2 parfois 3 entrainements par semaine, le temps que j'ai réalisé correspond à ce que j'attendais et même moins, donc je ne peux que vous recommander ce programme (cf. trimag n° 35 à 38)
Un petit bilan de la prépartion (y compris la course), entre le 1er novembre 2010 et le 10 juillet 2011:
Cela dit, un grand merci à Agnès qui a supporté ces efforts elle aussi à travers mes absences, mes moments de fatigue et touts les désagréments qui accompagnent une telle préparation. Il est temps maintenant de prendre un peu de repos et de profiter de la famille... Je vous aime tous les 3 :-))